L’EQUILIBRE EST-
IL ROMPU -
VERS UNE NOUVELLE RENAISSANCE ? Le spectateur habitué aux expositions d’art contemporain, aux visites dans les Centres d’art, ne manque pas de remarquer leur similitude. Celles-ci présentent presque toujours une déclinaison d’oeuvres inachevées, précaires, parfois toutes faites, qui écartent les supports et matériaux conventionnels. Ces manifestations n’hésitent pas non plus à décloisonner les champs d’activités culturels tout en affirmant, à l'occasion, leur refus de plaire. Ces véritables formes paroxysmiques des idées du mouvement préromantique symbolisées par tout un éventail de créations minimalistes, de performances, d’installations (1), où l’artiste devient tour à tour acteur, metteur en scène, ont pour une grande part occulté les techniques utilisées jusqu’ici comme le dessin, la peinture, ou la sculpture. Les adeptes du conceptuel ayant déprécié l’image au profit de l’idée ont fort normalement écarté ces moyens classiques, jugés insuffisants et peu appropriés à leur mode d’expression. Néanmoins, les procédés inhabituels employés dans leurs productions rendent la finalité de celles-ci délicate à établir et ils permettent difficilement de les rattacher au domaine des arts. En
effet, il est permis de croire que certaines créations sont le simple fait du
hasard, que d’autres, sont le reflet d’un travail artisanal. A titre
d’exemples, les pierres disposées en spirales de Richard Long pourraient très
bien représenter le fruit d’une recherche archéologique. Les tables de Philippe
Ramette, la fabrication d’un menuisier. Quant à la tendance purement
conceptuelle, le sublime voudrait que les « oeuvres » ne restent qu’à
l’état mental, ce qui les apparente à la philosophie.
Par
ailleurs, comme le souligne Fabrice Thuriot (2), les auteurs de ces oeuvres
conceptuelles et minimalistes, en règle générale peu tolérants, n’hésitent pas
à revendiquer forts de l'appui des Institutions, l’exclusivité de leur seule
appartenance à l’art contemporain : Alors,
après avoir constaté l’émancipation extrême de l’art contemporain qui conduit
semble-t-il inéluctablement à une impasse, il apparaît
peut-être d’ores et déjà possible de penser qu’une conception moins radicale
que celle proposée par les tenants du conceptuel permettrait, non seulement
d’ouvrir de nouvelles voies, mais également de retrouver quelques repères.
1) Performance ou Happening :
Événement-spectacle, à caractère provoquant plus ou moins spontané, où la
participation du public est recherchée. 2) Fabrice Thuriot : à propos d'Aperto, Septembre 1995. |
|
- 5 - |
|
|
|