LA CONSERVATION A
TRAVERS POLLOCK, HAMILTON, STELLA Plusieurs décennies après son utilisation le bitume, pigment brun, sombre et transparent qui ne sèche jamais totalement provoque, lorsqu’il est employé dans l’ébauche du tableau, des craquelures et des détériorations importantes. De la même façon, il est reconnu que les couches picturales ont généralement une action corrosive sur la toile. Il s’avère donc utile d’isoler celle-ci avec une couche d’apprêt composé d’un mélange de gesso, d’huile ou de colle. Cette préparation doit en outre être ni absorbante, ni instable (1). La connaissance et l’application de quelques règles de ce type conditionnent la bonne conservation à venir de toute création. Or, la peinture contemporainequi revendique surtout la liberté dans la manière et dans l’action rejette de ce fait les contraintes d’ordre trop technique en négligeant donc souvent ce qui touche à la préservation et à la pérennité de l’oeuvre. En
1947, Jackson Pollock fort d’un désir de spontanéité instinctive et gestuelle
débute une série de compositions portant des titres en lien avec la nature. Ses
toiles brutes, parfois de simples draps, se couvrent alors d’entrelacs, de
gouttes, d’éclaboussures de couleurs, prémices de ce qui deviendra plus tard
l’expressionnisme abstrait. Pour Pollock, l’altération rapide de l’oeuvre n’est à l’origine ni prévue ni souhaitée, alors que pour Richard Hamilton toute transformation, négative ou positive, laisse cet artiste plutôt indifférent. En effet, selon le chantre du Pop-Art, une fois l’oeuvre achevée, il n’est absolument pas gênant d’envisager une évolution provoquée par l’utilisation de matériaux variés. Dans « Vers un état définitif » élaboré en 1962, la couleur du papier imprimé inclus dans la composition s’est complètement dénaturée à la lumière et la sous-couche de mauvaise peinture blanche a considérablement jauni. Pour Hamilton le tableau reste un objet indépendant et devient le véhicule instable d’une émotion. Son évolution dans le temps ne revêt donc qu’une importance secondaire. Cette approche de l’art témoigne d’une attitude peu courante de l’artiste vis-à-vis de sa production et résout de ce fait tout ce qui paraît lié à la conservation. La
technique employée par Franck Stella, dans ses recherches minimalistes en quête
de perfection et de sobriété devient si rudimentaire qu’il n’est plus guère
question de règles. Avec
Jackson Pollock, l'art moderne américain s'est inventé une identité
propre, une histoire, et depuis, d'autres créateurs de ce pays comme
Franck Stella avec le minimalisme ont pris la tête
de l'avant-garde. Le deuxième conflit mondial a fait des États-Unis une superpuissance économique, militaire, politique qui découvre alors le "cultural power". Dès 1946, le ministère des Affaires Étrangères des États-Unis participe au financement de deux grands programmes d'expositions de peintures, vitrine de l'excellence de l'Art américain, amenées à voyager en Amériques du Sud et en Europe.
1) Cf. Les grands peintres et leur
technique. Bibliothèque de l'image - 1993. |
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