LES ORDONNANCES DE L’EAU
 

« Les ordonnances de l’eau » constituent le titre générique et symbolique d’une exposition organisée durant l’été 1998, par le Centre d’art de Pougues, par analogie à son ancienne fonction de station thermale, productrice de l’eau de Pougues.

L’exposition s’articule essentiellement autour de performances, filmées en vidéo ou photographiées, en lien avec l’élément liquide. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Il ne s’agit pas de simples reportages, pas même de banals documentaires, et il apparaît impératif pour en saisir le sens profond d’avoir le mode d’emploi. Sans quoi, grand est le risque pour le spectateur de passer à côté de l’oeuvre d’art.

Sylvie Anibal, accréditée par le quotidien local, le Journal du Centre, en donne sans état d’âme le compte rendu suivant :
« Le voyage aquatique commence par une grande photographie de la Méditerranée, véritable mer d’huile et de ciel bleu, imperturbable, vue saisie par Klaus Rinke, artiste allemand incontournable dès qu’il s’agit de l’élément eau. La photo est entourée par un grand tuyau d’eau de mer. Comme un morceau liquide de l’image.
Encore quatre photographies de cet artiste, « Solo pour un maître-nageur » (1960), montre cette fois, Klaus Rinke immergé dans un bidon.
Une performance où il tente de rester le plus longtemps possible, toujours dans un souci de rapport du corps aux éléments naturels.

Performance également avec l’anglais, Nigel Rolfe et sa vidéo « Water in face » où le corps « devient lieu de la violence sociale », explique Danièle Yvergniaux, directrice du Centre d’art Contemporain. Pendant une dizaine de minutes, l’artiste, vu de profil, reçoit des seaux d’eau en pleine figure. Sans sourciller. Avec résignation.
Autre performance en vidéo, celle de Marina Abramovic, une serbe qui sur l’écran de six téléviseurs, passe des situations extrêmes où l’ambiguïté met presque mal à l’aise le visiteur...

La création sensuelle, comme celle de Laurent Moriceau, « Eva, Eva », est à boire. Dans une baignoire, il a plongé son amie Eva. Il a ensuite évalué le volume de l’eau représentant ce corps de femme.
Et au cours d’une soirée, l’équivalent en vin pétillant, a été bu par des dizaines d’amis que l’on voit, sur une vidéo, en train d’installer les verres sur une table, dans un jardin.

Trois parois émotionnelles créées par Claire Roudenko-Bertin, « Féminin, masculin », sont remplies de poches de parfum. Des vitres sont fêlées et ont laissé échapper une partie de leur contenu. Elles vivent avec ces fissures odorantes qui symbolisent, matériellement, la pensée.

Une autre femme, Martine Aballéa, a conçu « L’Institut liquéfiant ». Une histoire tout en photographies qui se plaît à mélanger mort et plaisir. Plaisir de pouvoir devenir liquide. Mort, puisqu’il y a danger à se faire absorber. Un cauchemar.

Enfin, les petites fioles de John Tower contiennent de l’air devenu liquide par l’action d’un déshumidificateur.
Cette condensation est même consommable. C’est de l’air potable. Tout comme était potable et bénéfique l’eau de Pougues-Les-Eaux. »

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