CULTURE,
ETAT DES LIEUX 1994
Le Ministère de la Culture a été l'un des premiers à s'engager dans la voie de la décentralisation, notamment par le biais de conventions de plan passées avec des régions ou des collectivités locales, et le développement des DRAC (Directions Régionales d'Action Culturelle). Nombre d'actions sont ainsi financées en partenariat entre l'Etat et les Collectivités Locales.
Budget :
Le montant alloué au Ministère
de la Culture est passé de 0,46% du budget de l'Etat (avant 1981)
à plus ou moins 1%, y compris les grands travaux et les nouvelles compétences.Répartition du budget par domaines
d'intervention :
Pourcentages susceptibles de légères modifications en
fonction des années considérées.
Archives : 0,5 %
|
Musées : 8% |
Livre et Lecture : 8 %
|
Patrimoine : 12,5 % |
Arts Plastiques : 3,5 %
|
Théâtre et Spectacles : 9,5 % |
Musique et Danse : 13 %
|
Cinéma, Audiovisuel : 16,5 % |
Administration : 24 %
|
Développement Culturel : 4,5 % |
Principaux textes législatifs (Source : CREDOC 1993) :
1981 : Loi sur le prix unique du livre.
1983 : Loi sur la répartition des compétences
entre les communes, départements, régions et Etat.
1987 : Loi sur le Mécénat.
1988 : Loi sur les enseignements artistiques.
1990 : Loi sur les fondations d'entreprises.
1994 : Loi sur la langue française.
L'achat
d'oeuvres par les institutions permet à une poignée d'artistes
de ne se consacrer qu'à leur art. Pour d'autres, plus nombreux,
une représentation imagée et traditionnelle de l'environnement
constitue l'assurance d'un gain régulier.
Toutefois, et
malgré ces positions opposées, la plupart des artistes souhaitent que leurs oeuvres soient exposées, reconnues et
si possible rémunérées, et il demeure difficilement contestable
que la reconnaissance sociale de tout créateur vivant consiste
aussi pour celui-ci à trouver sa place sur le marché.
Le pouvoir
quant à lui, qu'il se
prétende socialiste ou libéral, cherche naturellement à être suivi et obéi, à défaut d'être
toujours
soutenu ; artistes et oeuvres d'art peuvent constituer des auxiliaires intéressants.
En fonction de leurs ambitions, les
artistes sont souvent amenés à se déterminer par rapport à ce pouvoir, qu'il
soit politique ou commercial, qu'ils choisissent de le servir, de le contester ou de l'ignorer.
Ils sont également appelés à se positionner envers l'art dominant
de leur époque, c'est-à-dire aujourd'hui la tendance conceptuelle
et minimaliste.
En France, ces relations prennent une sens
tout
particulier :
révolutions ou, tout au moins, changement de majorités ne sont pas rares et il paraît difficile d'échapper au débat sur l'avenir
politique et social du pays, notamment en regard de l'héritage de 1789 et de
ses principes.
Avant la Révolution, les artistes
échappent rarement au statut de courtisan ou aux commandes de l'Eglise. En
tout cas, pour les plus reconnus d'entre eux. Après, et en particulier au XIXème
siècle, ceux qui relèvent de l'Académie, sont plus ou moins au service du Second Empire
puis de la Troisième République. Désormais, pour être soutenu, il faut appartenir
au courant conceptuel-minimaliste.
La République
actuelle entérine en quelque sorte une tradition française, déjà mise en oeuvre par le pouvoir
royal, poursuivie par l'Empire, et qui est marquée par l'engagement de l'Etat en
faveur de l'art et de la culture. Dès lors, cette spécificité nationale ne
cessera plus de susciter débats et controverses.
Les premiers musées publics français, la plupart du temps issus de la Révolution de 1789, ont été créés dans le but de
montrer au plus grand nombre les principales oeuvres des collections royales.
Leurs fondateurs poursuivaient un objectif pédagogique, moral, mais aussi politique.
Ils se plaçaient surtout dans une perspective historique, ce qui écartait en
règle générale la
présentation d'oeuvre d'artiste vivant.
La seconde moitié du XIXème siècle verra
émerger la notion d'art "contemporain" qui contribuera involontairement à l'apparition
d'une avant-garde, groupe extrêmement restreint et en marge de l'art officiel d'alors, l'académisme.
Mais
en
1929, l'isolement de ces artistes d'avant-garde commencera à se briser avec la fondation
du musée d'art moderne de New York, conçu pour les recevoir. Depuis, les institutions
de ce type se sont multipliées dans le monde occidental, en exerçant bien entendu
une action déterminante à travers les achats et les expositions, ce qui a fini
par établir, puis officialiser, une nouvelle norme esthétique.
A partir
de là et dans son
principe, la politique française du mécénat public en épousant fidèlement ce nouveau
modèle, ressemble
ainsi étrangement à ce qu'elle était à la fin du XIXème siècle. A l'influence tendancieuse des Salons de la Troisième République et
du Second Empire
s'est substitué le réseau des Fonds et Centres d'art, toutefois avec le
public en moins - détail d'importance - qui hypothèque grandement la légitimité
de l'art officiel d'aujourd'hui : le conceptuel-minimaliste.
On peut également
noter que l'exception culturelle française dont on entend parfois
parler, en tout cas dans le domaine des arts plastiques, semble
toute relative ; les musées d'art moderne et contemporain - Centre
Pompidou, FRAC - n'ont finalement fait que reprendre, plus ou moins
consciemment, les tendances proposées par le musée new-yorkais.
Dans la plupart des pays, l'Etat n'a aucune
emprise sur le secteur des affaires culturelles. A ce titre, et après la
création des musées nationaux et l'impulsion définitive donnée sous
le Ministère Malraux entre 1958 et 1969, la France échappe à la règle.
L'Etat français assure globalement
un tiers des dépenses, le reste provenant des collectivités
locales et territoriales, essentiellement des communes. Par ailleurs, dans
le cadre de la régionalisation, la gestion des crédits du
Ministère passe souvent par le truchement des Directions Régionales d'Action Culturelle.
Néanmoins,
il faut souligner que la part la plus conséquente du budget de la
Culture reste affectée aux dépenses incompressibles de fonctionnement
des grands établissements publics que sont l'Opéra de Paris,
la Bibliothèque de France, le Louvre, le Centre Pompidou...
On peut aussi constater que l'objectif initial
de démocratisation de la culture a fini par s'essouffler. Ainsi, dans
le domaine des Arts Plastiques, force est de remarquer le peu d'attention
accordée aux oeuvres contemporaines par le public. Il est vrai que
l'avant garde en rompant avec l'Art au sens propre du terme, rend les impostures
toujours possibles et le manque de repères évident.
D'autre part, les éléments
de continuité dans l'orientation de la politique culturelle, malgré
les changements de ministres, sont tout à fait notables déjà
et sans doute à cause de la permanence des groupes de pression. On
peut penser que les mêmes professionnels reconnus et bien en place
souhaitent rester, quelle que soit la tendance, gauche ou droite, les mêmes
interlocuteurs incontournables et privilégiés des pouvoirs
publics. Ces artistes et marchands établis peuvent parfaitement compter
sur l'inertie de la machine administrative française, mais aussi sur la
relative permanence des modes internationalement définies, en tout
premier lieu par les États-Unis.