EDUCATION NATIONALE - Etat des lieux
Après
trente ans passés parmi la grande famille de l'Education nationale comme
enseignant dans les disciplines artistiques, des constats amères ou, selon,
désabusés : ARRÊTÉS
FIXANT LE PROGRAMME EN ARTS APPLIQUÉS. Baccalauréats
professionnels - Application en 2009-2010 pour les classes de seconde et
première, et 2010-2011 pour la classe terminale. Au
risque de déplaire à certains enseignants, il serait sans doute possible de
comprendre une éventuelle réduction des horaires de la discipline arts
appliqués, peut-être même sa suppression pure et simple des programmes. Rappel
de généralités peu contestables : Arts appliqués et Cultures artistiques - Extraits - 14 pages, 6 articles. II/
Histoire des Arts VI.1/
Appréhender son espace de vie VI.3/
Élargir sa culture artistique VI.4/
Méthodes et Outils En
conclusion : On ne peut que souhaiter courage et détermination aux enseignants
chargés de mettre effectivement ledit nouveau programme des Arts en application
et, plus généralement, avec ces réformes qui n'en sont pas, on peut sans doute
aussi craindre des temps agités. En lycées professionnels et toutes disciplines confondues, on pourrait
vraisemblablement intéresser et être utile à un certain nombre d'élèves, mais les
autres, que faire et qu'en fait-on ? |
ARTS APPLIQUES, CULTURE ARTISTIQUE - BAC PROFESSIONNEL - BEP - CAP
Introduction
Qu'est-ce que la modernité ?
Être moderne, c'est déjà être de son temps - contemporain !
"Or, être de son temps suppose que ce temps est différent de celui qui l'a
précédé. La modernité se définit par un certain rejet du passé au profit du
présent, un rejet souvent radical. Ainsi la modernité est à l'opposé de la
tradition" (cf / N.Colin).
La société moderne aime le changement, la consommation, le mouvement, la
nouveauté. Mais la notion d'avenir, jusque là synonyme de promesse de progrès
perd progressivement de son sens : démographie qui engendre la pollution,
réchauffement supposé de la planète, raréfaction des matières premières...
Modernité, avant-garde contemporaine puis, fatalement, remise en cause
deviennent alors des notions étroitement liées.
Après le futurisme italien, le constructivisme russe, le style (De Stijl) hollandais
et le dadaïsme international, c’est-à-dire après des mouvements qui
conditionnent encore notre perception de la "Modernité" et qui ont
contesté plus ou moins radicalement les anciennes valeurs, des écoles d'arts
appliqués aux concepts nouveaux voient le jour entre les deux guerres. Le
Bauhaus en Allemagne et, plus confidentiels, les Whutemas en URSS s'orientent
résolument vers cet enseignement de la modernité.
Après mai 68, l'art est partout, l'art c'est la vie. Il n'y a plus d'art
majeur, de grand style, tout le monde peut se prétendre artiste, les
séparations entre arts plastiques et arts appliqués n'existent plus vraiment.
L'art, l'industrie, la consommation, le spectacle, peuvent communier dans un
même dessein, l'art peut devenir fonctionnel et utilitaire, il prend en
compte l'objet qui doit, au moins dans l'optique du publiciste, plaire au plus
grand nombre et le concept de design trouve alors ici tout son sens.
C'est également dans cet esprit que la peinture - sans oublier son corollaire
le dessin - deviendra plutôt non figurative, donc abstraite, pour finir
par se trouver dans les années quatre-vingts carrément mise à l'index.
Or, que préconisent les circulaires de l’Education nationale au sujet précis des arts appliqués et de la culture artistique ?
De surtout bien remplir des fiches, dites officielles,
dont il convient de renseigner chaque case correspondant à une compétence
prédéterminée.
A savoir par exemple :
Pour les CAP, des rubriques concernant le dossier de synthèse, la
hiérarchisation de l’information, la conduite analytique…
Pour les BEP, il faudrait tenir compte des compétences relevant du vocabulaire
plastique, sans oublier la culture artistique d’un élève capable d’identifier
les caractéristiques structurelles, chromatiques et texturelles.
Quant au Bac pro, les objectifs qui recoupent les précédents ne semblent guère
plus clairs et toujours autant "décalés".
Ces fiches officielles (cf / Laetitia Fichter,
Inspectrice Education Nationale 28/03/2007) appellent plusieurs remarques :
Comment peut-on à ce point ignorer, ou feindre d’ignorer, l’intérêt ou même le
niveau réel des élèves de Lycée professionnel ?
Le problème à résoudre reste, avant tout et déjà, celui de les encadrer
correctement – au quotidien et sur la durée. Ensuite, il ne faudrait pas
sous-estimer les moyens matériels – salle adéquate, effectifs raisonnables. Il
est vrai qu’au lire de la directive de l’inspection le document administratif semble
plus important que l’apprentissage même.
Ces fiches ne font pas davantage référence à l'Internet et au traitement
numérique de l'image. Pourtant l'élaboration, relativement simple, d'un site
serait incontestablement un plus pour la plupart des élèves et quelque soit le
futur emploi, mais encore faudrait-il que l'administration en donne les moyens.
Par ailleurs, la problématique importante de la consommation, qui a ou aura ses
limites, et qui contredit l'un des fondements principaux des arts appliqués à savoir
"faire vendre", n’est jamais soulevée. La nature même de la
discipline appelle une part importante de subjectivité. Les arts appliqués
restent étroitement liés aux phénomènes de mode. L'écart de génération
élèves-enseignants conditionne l'évaluation, le point de vue, et rend en
conséquence délicate toute certitude tant au niveau de la conception purement
esthétique de l'objet, que celui ensuite du libre arbitre de sa consommation
(1).
Dans l’hypothèse où lesdites fiches officielles et individuelles seraient
effectivement bien remplies et archivées comme préconisé, qui, par la suite,
pourrait bien vouloir consulter de tels documents et à quelle fin ?
Dans la plupart des cas, le lien avec le futur métier – à souhaiter encore que
les élèves en trouvent un digne de ce nom – paraît des plus ténus. En
l’occurrence et sur ce cas distinct, on ne peut donc que douter de l’efficacité
réelle ou supposée des directives de l’inspection de l’Education nationale.
Mais peu importe ! L'essentiel étant de préserver sa rente de situation et de
faire en sorte de justifier une fonction d'inspecteur, fût-elle même inutile et
illégitime.
Cette fonction ne semble d’ailleurs pas à une contradiction près, puisque
Laëtitia Fichter n’hésite pas à remarquer naïvement lors d'un rapport
d'inspection : "La pauvreté des sujets Bac Pro qui sont soit d’anciens
sujets d’examen, soit des fiches prélevées dans des manuels". Sujets et
fiches, rappelons-le, rédigés ou pour le moins avalisés directement par ses
collègues inspecteurs.
Vers l'âge de 35 ans et lorsque le plan de carrière se
déroule normalement, on peut être nommé inspecteur de l'Education nationale.
Celui-ci restera donc près de trente ans sans avoir de classe à charge, ce qui
ne devrait pas être. Comment s'étonner après qu'un certain nombre d'inspecteurs
ne perde pied avec la réalité - de l'entreprise – de l'évolution des mentalités
élèves et parents. Il ne leur reste plus alors qu'à se retrancher derrière le
maître mot "pédagogie" et le langage formaté du "Bulletin
Officiel", forcément irréprochable puisque émanant pour une large part de
leur propre rédaction.
Ne faudrait-il pas envisager une réintégration périodique, sur la durée
complète d'une année scolaire, sans décharge, avec la réalité du terrain de la
classe et pour certaines disciplines, de l'entreprise ?
Autrement dit, l'inspecteur deviendrait enseignant-inspecteur comme il existe
des enseignants-formateurs et l'inspection générale souvent inutile et
coûteuse, qui "doublonne" avec les nombreuses directions, serait
purement et simplement supprimée.
"Le temps de la refondation est
venu. C’est à cette refondation que je vous invite. Nous la conduirons
ensemble. Nous avons déjà trop tardé." Conclusion de la Lettre aux
éducateurs de Nicolas Sarkozy.
Il faut reconnaître que déjà dans le domaine des Arts et dans celui, tout
particulièrement, des arts plastiques où le conformisme du
"contemporain" est bien ancré, le programme semble très vaste mais il
reste encore à connaître dans quel sens ira cette refondation, si par
surprenant refondation il y a (2).
Au sujet de l'enseignement des Arts, le problème ne date pas d'aujourd'hui !
L'Ecole de dessin, 1862, 2ème année - 1ère livraison, signé A.G.
"La jeune école par excellence n'a pas de système, n'a pas de direction,
en un mot elle n'est plus gouvernée.
Est-ce un bien ? Est-ce un mal ? S'il fallait s'en rapporter aux résultats,
nous serions plutôt tentés de croire que c'est un mal. L'art marche un peu au
hasard, sans pilote et sans boussole, ouvrant sa voile au souffle de la
fantaisie régnante ou du caprice de la mode, sans savoir où il va.
Aujourd'hui il nous faut du nouveau, n'en fût-il plus au monde. Mais comme
l'invention dans les arts d'imitation a porté nécessairement ses bornes, on est
enclin à inventer des manières, des procédés, où l'art disparaît bien souvent
sous l'industrie. Chacun suit sa fantaisie, n'a de foi qu'en soi-même et court
après l'originalité pour n'attraper que le bizarre. On croit avoir atteint le
résultat recherché quand on a réussi à faire, non pas mieux que son voisin,
mais autrement. C'est donc à faire autrement que visent aujourd'hui bien des
artistes..." Cf/ A.Bonnet PUF Rennes
La succession périodique des réformes de
l'enseignement artistique, depuis celle, initiale, de 1863, signale en
permanence des incertitudes avec une inadaptation récurrente de la formation
aux besoins réels de la société.
Les causes qui provoquèrent la première crise, c'est-à-dire déjà l'inadaptation
de la formation à la réalité d'alors avec la constitution d'une classe
pléthorique d'artistes sans emploi et, en parallèle, un certain manque de
techniciens dans les domaines de l'art appliqué économiquement viable, sont
peut-être encore plus évidentes aujourd'hui qu'hier.
La rénovation ou la "refondation", pour reprendre le terme du
Président de la République, des filières artistiques demeure d'actualité, mais
il faut bien admettre qu'aussi longtemps que celle-ci privilégiera la notion
vague d'originalité comme valeur suprême de l'apprentissage, les tentatives de
réforme resteront vouées à l'échec.
Les écoles et facultés d'art, d’où sortent les futurs enseignants, restent encore
trop dépendantes de cette politique qui encourage de façon factice la création dans
un sens particulier tout en négligeant gravement ses aspects techniques et historiques. Ces
institutions ne remplissent plus leur rôle traditionnel de transmettre un
savoir et les savoir-faire qui l'accompagnent, la plupart du temps elles ont
renoncé à proposer une instruction technique basée sur un type défini de
réalisation normée. Pour se justifier, elles n'ont eu d'autres solutions que de
se rabattre sur une pédagogie subjective qui valorise la théorie et la
recherche, sur un modèle prétendument inspiré par les sciences, mais là, sans
aucune finalité.
Dès lors et comme tout s'enchaîne, comment ne pas légitimement se poser des questions et mettre en doute les compétences des professeurs et, bien sûr, des inspecteurs issus de leurs rangs.
Ce constat, cet état d’esprit, qui se vérifie dans les disciplines artistiques
et dans quelques autres, ressort aussi de manière criante dans le rapport de l’inspecteur
Gross, censé apporter de nouvelles solutions.
Une inspection auto-proclamée qui ne sait rien, aussi incompétente qu'illégitime ?
L'exemple notoire du rapport d'Eric GROSS
Eric GROSS, Inspecteur général de l'éducation
nationale, dans un rapport "Education-Culture" très théorique et pour
le moins éloigné de la réalité pratique, des moyens budgétaires et des
contraintes d'emploi du temps, ne fait qu'énoncer des lieux communs tout en
dressant une liste de propositions qui sont soit déjà mises en place, soit
irréalisables dans bien des cas.
Il préconise de systématiser le partenariat en formation initiale IUFM-DRAC,
c'est-à-dire une forme de pédagogie et d'art très orientée, alors que la vraie
réforme serait de supprimer l'un et peut-être l'autre (2). Il faudrait déjà
aussi changer cette règle de l'Education nationale qui veut que le grade soit
directement proportionnel au nombre d'heures/élèves. Autrement dit ce principe
qui voit l'enseignant avec le moins d'heures/élèves être le mieux rémunéré, le
mieux considéré, l'idéal étant même de ne pas avoir d'élèves du tout comme
c'est à n'en pas douter le cas d'Eric GROSS. Seule nouveauté du rapport,
"l'histoire des arts" qui, reconnaissons-le, possède au moins le
mérite de pouvoir s'enseigner.
RAPPORT À MONSIEUR LE MINISTRE DE L'ÉDUCATION
NATIONALE ET MADAME LA MINISTRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION
UN ENJEU REFORMULÉ, UNE RESPONSABILITÉ DEVENUE COMMUNE
Vingt propositions et huit recommandations pour renouveler et renforcer le
partenariat Education-Culture-collectivités locales en faveur de l'éducation
artistique et culturelle.
Par Eric GROSS, Inspecteur général de l'éducation nationale - 14 décembre 2007
LES TROIS PILIERS DE L’EDUCATION ARTISTIQUE ET
CULTURELLE
- L’histoire des arts
- La rencontre avec les artistes et les œuvres, dans toute la diversité des
expressions
- Une pratique pour tous les élèves
NEUF EXIGENCES GENERALES
- Des professeurs formés à l’éducation artistique et culturelle et motivés.
- Développer l’offre de ressources, en particulier l’offre de ressources
numériques.
- Doter chaque établissement scolaire d’un projet culturel.
- Favoriser des projets d’éducation artistique et culturelle aptes à toucher
tous les élèves d'un établissement; «revisiter» dans cette perspective la
visite scolaire.
- Inscrire à plein titre l’éducation artistique et culturelle dans les missions
des établissements publics, des services à compétence nationale et de
l’ensemble des structures artistiques subventionnées par le ministère de la
culture et de la communication.
- Consacrer le rôle de partenaires à plein titre des collectivités
territoriales.
- Faire vivre politiquement et administrativement, à tous les niveaux, le
partenariat Etat/collectivités locales pour l’éducation artistique et
culturelle.
- Evaluer les élèves d'une façon adaptée à la spécificité de la matière.
- Identifier clairement l'ensemble des moyens engagés par l'Etat pour
l'éducation artistique et culturelle, pour les mobiliser plus efficacement.
Il s’agit, en s’appuyant sur les progrès constants
réalisés d’année en année, de proposer les modalités de mise en place d'une
étape nouvelle représentant un saut quantitatif et qualitatif.
Saut quantitatif : c’est celui de la généralisation. Permettre à tout élève de
bénéficier de l’éducation artistique et culturelle.
Saut qualitatif : il consiste à proposer à tout élève, non plus seulement une
ou des expériences ponctuelles, mais un parcours cohérent alliant solidement
trois dimensions : une initiation consistante à l’histoire des arts, la
rencontre avec les artistes et les œuvres, et l’apprentissage d’une pratique.
Il consiste aussi à valoriser la dimension artistique et culturelle des
disciplines existantes, à créer un enseignement obligatoire d'histoire des
arts.
Les propositions - extraits
Proposition 2 : Systématiser le partenariat en
formation initiale IUFM-DRAC ; prévoir pour chaque stagiaire une formation
obligatoire en éducation artistique et culturelle et privilégier la diffusion
et la généralisation des actions les plus efficientes ; réanimer les
certifications complémentaires en art ; prévoir dans le futur Master enseignant
des « crédits art et culture » qui continueraient à mobiliser les formations en
partenariat.
Aujourd'hui la formation continue des enseignants repose sur les plans
académiques de formation (PAF). Le partenariat Education-Culture a permis des
avancées par une série de conventions entre les DRAC et les IUFM d'une part, et
par le lancement des pôles nationaux de ressource en 2001 d'autre part. Ces
pôles ont, dès le début, été conçus non comme des lieux physiques, mais comme
des programmes de formation partenariaux. Ils ont fait l'objet d'un rapport
conjoint des inspections générales des deux ministères. Une circulaire
interministérielle, en juin 2007, les a transformés en pôles régionaux d'éducation
artistique et culturelle (PREAC) qu'il convient désormais de mettre en oeuvre
afin de doter chaque académie d'un programme de formation reposant sur la
coopération avec les structures artistiques et culturelles, et inscrit dans le
plan académique de formation.
Proposition 4 : développer la formation continue des enseignants par le réseau des établissements culturels, avec le soutien des crédits de formation de l’éducation nationale. Un professeur doit aussi pouvoir se former par lui-même en permanence.
Proposition 11 : doter progressivement au moins chaque établissement du second degré d’un véritable projet d’éducation artistique et culturelle au sein de son projet d’établissement ; fonder ce projet sur le partenariat avec les institutions culturelles et sur le développement au sein de l’établissement de lieux culturels : médiathèque, lieu d’exposition, et même quasi ciné-club ; intégrer le développement de ces lieux dans les programmes de construction ou de rénovation ; enfin, articuler les projets d’établissement, autant que possible, à des projets de territoire (bassin scolaire, bassin d’emploi).
Proposition 19 : évaluer l'éducation artistique et culturelle à travers un livret personnel de l'élève, véritable carnet de bord de son parcours, qui ferait l'objet d'un entretien au brevet et au baccalauréat ; permettre aussi cette évaluation dans le cadre des disciplines et des épreuves existantes : par exemple, veiller à ce qu'un des trois sujets proposés au baccalauréat pour l'épreuve de philosophie invite à une réflexion philosophique sur l'art et la culture.
Proposition 20 : pour identifier, valoriser et mobiliser l'ensemble des moyens consacrés par l'Etat à l'éducation artistique et culturelle, les regrouper, dans la loi de finances, au sein d'un document de politique transversale dotée des indicateurs de performance adéquats.
– Deux recommandations relatives à l'histoire des arts
Si la solution retenue doit consister à donner, au sein des disciplines et des
enseignements existants, un développement nouveau à l’histoire des arts, plutôt
qu’à créer un enseignement séparé d’histoire de l’art, il n’en importe pas
moins, à tout égard, d’associer les historiens d’art - universitaires et
conservateurs – à ces évolutions. Projet mis à l’étude à la rentrée 2008.
Recommandation 2 : créer une section histoire de l’art aux concours de
l’agrégation et du CAPES, en donnant à cette discipline un sens élargi à la
musique, au théâtre et au cinéma ; affecter les professeurs recrutés à des
fonctions de formation dans les IUFM ainsi qu’à des missions de coordination,
d’animation et d’expertise dans les académies.
– Une recommandation relative à l'éducation à l'image
L’éducation à l’image, on l’a dit, requiert une approche pluridisciplinaire.
Comment organiser concrètement cette approche dans le cadre des programmes ?
En assurant l’approche pluridisciplinaire de l’éducation à l’image et en la
traitant dans les programmes à la manière d’un thème de convergence, à
l’imitation des thèmes de convergence définis dans les nouveaux programmes
scientifiques des collèges (avril 2007).
En éducation musicale, elle enveloppe la capacité
d'interpréter, de connaître, lire et écrire les signes musicaux de la
partition, la maîtrise du vocabulaire, la capacité à exprimer musicalement une
réalité affective ou un vécu social personnel ou collectif. Il semble que
depuis le XIXème siècle, ces enseignements soient inspirés par un même souci de
construire une pratique en limitant la place faite à la théorie. Les programmes
des enseignements artistiques du collège sont actuellement en cours de
renouvellement, comme pour les autres disciplines, avec des rédacteurs
naturellement attentifs aux priorités nouvelles affirmées pour l'éducation
artistique et culturelle. Dans ces conditions, le présent rapport s'autorisera
seulement une suggestion dont il ne méconnaît pas le caractère radical, ainsi
que les relatives difficultés d'organisation et de moyens qu'elle peut
comporter.
Cette suggestion consisterait à expérimenter un enseignement centré sur
l'apprentissage théorique pendant les deux premières années du collège, et sur
l’apprentissage d’une pratique pendant les deux dernières années, quatrième et
troisième. Pour ces deux années de pratique, les élèves choisiraient entre arts
plastiques et musique. Ils consacreraient ainsi à l’apprentissage d’une
pratique deux heures par semaine pendant deux ans.
Ils pourraient du reste sortir du cadre de leur classe et se répartir en
ateliers en fonction de la pratique choisie (tel instrument, telle forme d'art
plastique). Cela supposerait bien sûr soit des moyens internes au collège, soit
son articulation à une école de musique et une école d’art.
La question de l’intensification de la pratique ne peut trouver de solutions
sans le développement des capacités d'accueil dans les écoles territoriales
dispensant les enseignements spécialisés de musique, de danse, de théâtre et de
beaux-arts.
Pour les enseignements de spectacle vivant, ce développement passe aujourd'hui
par la bonne mise en oeuvre de la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et
responsabilités locales, qui permet un meilleur partage de l'effort entre les
trois niveaux de collectivités locales, avec le concours de l'Etat, à travers
un transfert financier sans transfert de compétence. Comment élargir l’offre,
en particulier en direction des publics scolaires ?
En permettant aux écoles d’art de mettre en œuvre cette mission dans un cadre
contractuel avec les collectivités locales concernées, avec trois aspects :
- la pédagogie : l’école d’art mobilise son corps enseignant sur le projet
pédagogique, la collectivité se charge de la rémunération du corps enseignant.
- la gestion : La municipalité indemnise l’école – par voie de subvention –
pour les frais afférents à l’organisation et au suivi pédagogique,
administratif et opérationnel de ces cours.
- les locaux : la question des locaux d’accueil peut être résolue par une prise
en charge par la mairie des frais correspondants.
Le rapport Gross suscite quelques inquiétudes !
Dans la perspective de la disparition des concours de
C.A.P.E.S et d’Agrégation, au sein des universités, toutes les U.F.R et
Départements constitués à partir de disciplines enseignées dans le Secondaire
sont menacées d’éclatement. Mais plus expressément, c’est le cas pour les
disciplines artistiques : Musique et Arts Plastiques.
C’est précisément leur implantation à l’université dans les années 1970, en
ayant crée les concours de C.A.P.E.S et d’agrégation, qui les avaient dotées du
même cadre de formation, par conséquent de validité, que les autres
enseignements dispensés en Collège et en Lycée.
Dans ce même mouvement se créèrent des Licences, des Maîtrises, des D.E.A et
enfin, réalisant un cycle universitaire complet d’enseignement et de recherche,
des thèses de doctorat. Il est évident pour tous que cet édifice repose, pour
sa pérennité et son rayonnement, sur l’existence établie d’un enseignement
obligatoire des arts en Collège et Lycée.
Aujourd’hui la remise en question des concours de recrutement se trouve
associée à la remise en cause de ces enseignements, de façon plus avancée que
dans d’autres disciplines. Par un projet arrêté le 30 Janvier 2008 en Conseil
des Ministres, il est prévu d’introduire en Collège un « enseignement de
l’Histoire des arts », il représentera un quart du programme d’Histoire et
la moitié de ceux de Musique et d’Arts Plastiques. Sachant que l’horaire
hebdomadaire de ces deux disciplines est d’une heure, le voici réduit à une
demi-heure pour chacune ! ...
Avec ces nouvelles mesures, s’agit-il du dernier assaut porté contre les
enseignements artistiques dans le Secondaire au Collège et au Lycée ?
Peut-on encore parler d’enseignement et de pratique artistique au Collège quand
il ne reste plus qu’une demi-heure de Musique et d’Arts Plastiques par
semaine ? Sans oublier qu’en plus, dans le cadre du développement de la
bivalence, ces enseignements peuvent être dispensés par des non spécialistes
contraints de compléter leur service. Si l’on peut envisager un véritable
enseignement de l’Histoire de l’Art dans le Secondaire, celui-ci ne doit se
faire en aucun cas au détriment des pratiques artistiques mais les compléter...
21 Mars 2008, Gisèle Grammare
Sur le rapport Pochard
L’analyse, ou la simple observation détaillée du
Rapport de la Commission Pochard, mérite d’être développée dans son ensemble,
et avec le plus grand soin concernant l’avenir des Arts Plastiques.
Se trouvent ainsi cités, pour le second degré, le cas des professeurs
associés, directement embauchés par les chefs d’établissement. Afin
d’échelonner progressivement les modalités de suppression progressive des
concours, la Commission Pochard préconise d’abord leur simplification :
moins d’épreuves notamment. Vient ensuite l’élément clé de tout le
dispositif : la bivalence. En s’appuyant sur le modèle des P.L.P,
Professeurs de Lycée professionnels, presque tous bivalents (mais pas en Arts
Appliqués), d’une part, et sur une série de pays européens et le Québec,
d’autre part, où la bivalence est de règle, la Commission prévoit la création
de C.A.P.E.S bivalents.
A cette étape, dans la liste des disciplines de ce fait regroupées ne figurent
pas les Arts Plastiques, disparu le C.A.P.E.S d’Arts Plastiques ?
On apprend également que cette perspective nouvelle aura des conséquences en
amont des concours, dans la formation universitaire, où l’on mettra en place
pour ce faire, des bi-licences. Ceci correspond en partie au Plan Licence,
apparu en Décembre 2007, consécutif à la L.R.U, qui préconise la spécialisation
disciplinaire seulement à partir de la 3ème année.
Etant donné qu’il est difficile de supprimer d’un seul coup certains champs
disciplinaires, des mesures transitoires sont déjà en place sous la forme de
Mentions complémentaires. Actuellement les deux tiers des C.A.P.E.S ouvrent à
ces « Mentions », c’est-à-dire qu’un certifié d’une certaine
discipline peut enseigner en complément une autre discipline. Parmi ces
disciplines figurent cette fois les Arts Plastiques, disparus de la liste des
C.A.P.E.S bivalents en projet, ils sont relégués au niveau des Mentions
complémentaires. Tel est le projet ! voici en quoi les Arts Plastiques ne
sont pas exactement concernés au même titre que les autres disciplines par ces
réformes, mais que leur disparition est programmée à plus ou moins long terme.
Plus loin encore, dans le Rapport Pochard, il est question d’activités
culturelles et artistiques, intitulées : « activités complémentaires
à l’enseignement », là aussi sont implicitement concernés les Arts
Plastiques : activités complémentaires à l’enseignement, c’est-à-dire en
dehors. Simultanément, pour renforcer tous les moyens de la remise en cause des
concours, les projets de Masters professionnels de l’enseignement se dévoilent
peu à peu. On sait maintenant que, incontestablement depuis la remise du
Rapport Pochard le 1er Février 2008, le gouvernement s’active en ce sens.
25 Mars 2008, Gisèle Grammare
Effectivement, lorsque l'on prend connaissance du
Projet "officiel" de programme on peut légitimement être inquiet,
mais pour d'autres raisons que celles émises par Gisèle Grammare. Ce projet en devient même surréaliste quand il
évoque l'équipement des salles d'Arts et certains principes de sa mise en
oeuvre, ou lorsqu'il parle des compétences souhaitées pour les élèves.
On peut tout
craindre aussi des décisions unilatérales d'un ou d'une poignée de
fonctionnaires, peut-être idéalistes, en tous cas ni plus ni moins compétents
que d'autres mais assurément trop éloignés du terrain et qui devraient certainement se poser plus souvent la question : Que ferais-je en dehors de la fonction publique ?
Extraits :
Collège - Projet de programme Arts plastiques - eduscol.education.fr/ -
D0082 - Avril 2008
En classe de troisième, l’enseignement des arts
plastiques consolide les connaissances et les compétences acquises sur
l’ensemble des cycles du collège. Il favorise une approche informée et
responsable des faits artistiques contemporains et légués par l’histoire. Il
sollicite aussi une réflexion qui donne sens à l’exploration des moyens. A la
croisée du sensible et de l’intelligible, cet enseignement favorise la
construction de l’individu dans sa globalité.
Cette pratique artistique où se rencontrent action et réflexion, intention et
attention, a pour support des situations pédagogiques qui privilégient, dès la
sixième, toute forme d’autonomie et d’initiative de la part des élèves. Leur
réflexion peut aussi prendre la forme de notations écrites. Ces analyses, ou
réflexions orales ou écrites, font parties intégrantes de la pratique. Le
recours à un vocabulaire spécifique et son usage pertinent sont évalués...
Les salles d’arts plastiques doivent être équipées en
conséquence. On disposera d’au moins trois ordinateurs multimédias, des outils
numériques :
appareils photographiques, palettes graphiques, caméra vidéo, scanner,
imprimante, vidéo-projecteur et parfois tableau blanc interactif. A cela
s’ajouteront les logiciels de traitement d’image 2D et 3D, de montage vidéo et
des services : connexion à Internet, espace de stockage des données.
Cette pratique sollicite la part de subjectivité, de
singularité, d’expérience personnelle de chaque élève, pour la mettre à l’épreuve
de contraintes matérielles communes, d’opérations à faire, de notions à mettre
en jeu, toutes garantes d’une construction, d’un commencement.
La pratique s’inscrit donc dans une activité mais ne se confond pas avec cette
dernière. En effet, la créativité spontanée de l’élève est un ressort mais elle
ne contribue à l’exercice d’une pratique qu’à condition de faire l’objet d’un
dialogue entre une intention et une attention. Ainsi, l’effort pédagogique de
la 6ème à la 3ème est de nature à permettra à l’élève de passer du choix à
l’initiative.
L’évaluation : Il est indispensable, en arts
plastiques, d’établir une différence claire entre l’appréciation d’une
production et l’évaluation d’un apprentissage à moyen ou long terme, de la vérification
des connaissances, des savoir-faire ou de l’évaluation des compétences. Ces
différents niveaux d’évaluation ne sont pas équivalents.
L’évaluation d’une production relève principalement de l’évaluation formative.
La confrontation collective et la verbalisation en sont une modalité
essentielle. Cela n’exclut pas une évaluation sommative critériée de certaines
réalisations. Mais c’est seulement au regard d’une situation particulièrement
ciblée que le professeur pourra apprécier, juger, mesurer le réinvestissement
des savoir-faire, des notions, des connaissances.
Pour conclure :
COMPÉTENCES EN FIN DE TROISIÈME
Les élèves ont acquis une expérience artistique
suffisante pour :
Prendre en considération, dans une production artistique, les données physiques
d’un espace plan (longueur, largeur, proportions) ;
Associer différents modes de traduction de l'espace dans une production ;
Réaliser une production artistique qui implique le corps (geste, mouvement,
déplacement, positionnement dans l'espace) ;
Produire du sens en disposant des objets, des matériaux, des volumes dans un
espace déterminé ;
Prendre en compte le lieu et l'espace comme éléments constitutifs du travail
plastique ;
Transformer la perception d'un espace (représenté naturel ou construit).
Ils ont acquis une maîtrise des technologies numériques qui leur permet de :
Mettre en oeuvre les matériels numériques à des fin de création, d’exposition,
de présentation, de diffusion, de publication ;
Utiliser différents logiciels graphiques et de montage ;
Exploiter Internet de manière critique ;
Diffuser, publier en ligne des données.
Le tout, avec une généreuse dotation de 1/2 heure
par semaine*, en évitant bien entendu de parler "dessin" et avec des
objectifs toujours aussi confus, parfois même incompréhensibles :
"La pratique s’inscrit donc dans une activité mais ne se confond pas avec
cette dernière. En effet, la créativité spontanée de l’élève est un ressort
mais elle ne contribue à l’exercice d’une pratique qu’à condition de faire
l’objet d’un dialogue entre une intention et une attention."
"... C’est en cela, entre la surprise et le sérieux, comme entre le dit et
le non dit, que ce projet peut être un exemple du travail mené dans les écoles
d’art... Ce projet pointe la distincte différence des études artistiques, la
rigoureuse retenue intime et enclose de leur méthode et la nature entrevue,
d’entre-deux, de leur ambition." Cf/ A.Guzman p.34
Alors, dans le domaine des Arts, et au vu des rapports et projets de
programme on peut vraiment redouter qu'après ladite "refondation" le
résultat ne soit guère mieux, voire encore pire qu'avant !
* Cf/ BO 18 mai 2008 "Au collège, l'histoire des arts représentera un quart du programme d'histoire et la moitié des programmes d'éducation musicale et d'arts plastiques."
La faillite de l'enseignement des arts plastiques, une simple animation de patronage ouverte à bien des débordements ?
Mes propositions pour les Collèges :
"Le propre de l'avant-garde, c'est de ne pas
pouvoir se transmettre". C'est bien en cela qu'une éducation réussie ne
peut être que foncièrement traditionaliste et cette idée semble assez
déplaisante pour beaucoup d'enseignants." Michel Segal
La peinture et, à travers elle ce qu'il faut bien nommer le "dessin",
restera toujours un moyen majeur et incontestable de l'expression humaine et
seuls, au niveau de l'idée et du sujet, les codes de l'écrit et du langage
permettent davantage d'objectivité et de développement. C'est pour cette raison
fondamentale que l'Education nationale ne peut, et ne pourra pas faire
sérieusement l'économie d'un apprentissage dudit "dessin".
Mais un apprentissage de l'Art qui commence par le début, c’est-à-dire par la
pratique figurative et objective du dessin.
Au risque de paraître radical et passéiste, la
discipline "Arts plastiques" qui, à l’heure de l’art contemporain
manque de repères
objectifs et ne peut plus raisonnablement s’enseigner, est
supprimée.
La discipline "Dessin", sous son ancien vocable, est logiquement
rétablie avec comme référence principale les arts d'imitation au travers de la
maîtrise des proportions, des ombres et lumières, du rendu des volumes, des lois
de la perspective, du code des projections orthogonales. Son programme accompagné de ses
objectifs doivent être énoncés de façon simple et claire. Parents et élèves
doivent saisir clairement l'utilité de la matière...
L’histoire des arts - qui n’entre pas dans le domaine de la pratique - est
intégrée au programme d’histoire et de français.
La dotation actuelle de une heure hebdomadaire doit être maintenue ou, s'agissant de pratique, groupée par quinzaine.
En amont, le choix des futurs maîtres doit alors se porter davantage vers des techniciens habiles, possédant aussi une bonne connaissance de l'histoire de l'art, et ce choix doit privilégier la pratique à la théorie.
Lycée d'Enseignement Professionnel - Projet de programme Arts appliqués - http://eduscol.education.fr/D0048/voie_prof_arts.pdf - Avril 2008
Baccalauréats professionnels - Consultation des enseignants
COMPÉTENCES ET CAPACITÉS :
Interdépendantes et courant sur les trois années conduisant au baccalauréat
professionnel, les trois entrées du programme définissent les champs abordés en
ARTS APPLIQUÉS ET CULTURES ARTISTIQUES :
- Appréhender son espace de vie.
- Construire son identité culturelle.
- Élargir sa culture artistique.
Un enseignement transversal « Méthodes et outils » concerne les procédés et les
techniques qui fondent l’appropriation des connaissances et structurent les
démarches. Chacune de ces entrées offre des supports d’étude à l’enseignement
de l’HISTOIRE DES ARTS ainsi que des opportunités d’interdisciplinarité.
Comme son homologue des Arts plastiques, le projet de programme en Arts appliqués ne manque pas d'ambition puisqu'il peut couvrir les Arts visuels, du son, le patrimoine sans oublier le spectacle vivant, ne manque finalement que les Arts culinaires. Et que fait-on des contraintes d'emploi du temps, de moyens, de discipline des élèves dans tout cela ? Toutefois, par la nature même de sa fonction, celui-ci paraît peut-être un peu plus pragmatique que le programme des Arts plastiques.
Globalement et en dehors de
l'exemple édifiant des Arts, les derniers résultats comparatifs avec les autres
institutions européennes ne sont guère en faveur de l'Education nationale, mais
bien entendu on peut toujours les ignorer en pensant que tout va bien dans le
meilleur des mondes. Chaque année, 160 000 jeunes quittent l'école sans
diplôme, sans compter les diplômes qui ne débouchent sur rien, et 52% des
enfants d'ouvriers obtiennent le bac pour 86 % de ceux des cadres. En sciences,
dans le classement OCDE, les collégiens français se classent 19ème sur trente !
Les directives de l'inspection de l'Education nationale, la plupart du temps
confuses et dont les exigences répondent trop peu à la réalité, devraient
impérativement être prises en concertation avec des enseignants confirmés
- indépendants, c'est-à-dire non choisis par cette inspection - ou avec des
professionnels de la discipline. Aujourd'hui, il est parfaitement possible de
penser qu'une part non négligeable de la performance toute relative de notre système
d'éducation provient déjà de ce fait. Toute réforme ou "refondation"
réussie ne peut donc s'entrevoir que par un changement dans l'esprit « pédagogique »
des donneurs d'ordre : Les inspecteurs. Les départs en retraite en offrent
l'opportunité.
Une administration qui renvoie vers une autre
administration.
L'avis de notation annuel des fonctionnaires de l'Education Nationale : Un document
pour l'arbitraire – les règlements de compte – pour justifier du travail administratif ?
Ce document stipule :
"La note globale est considérée comme définitive si aucune réclamation
n'est parvenue dans un délai de deux mois."
Cet avis précise encore :
"Un recours contentieux peut être formé devant le Tribunal Administratif.
Il peut aussi être - gracieux ou hiérarchique - en étant adressé à l'autorité
administrative."
Et, modèle même de clarté :
"Dans les cas très exceptionnels où une décision explicite intervient dans
un délai de deux mois après la décision implicite, vous disposez d'un délai de
deux mois à compter de la notification de cette décision explicite pour former
un recours contentieux."
Ledit Tribunal Administratif aurait-il compétence pour trancher une question de
fond qui semble relever davantage de la volonté politique ? Peut-il émettre un
jugement sur :
- L'arbitraire d'une évaluation pédagogique dans une discipline aussi
subjective que les Arts plastiques et appliqués ?
- La compétence, réelle ou supposée, des chargés d'évaluation : les inspecteurs
?
- La cohérence d'une organisation qui érige en valeur et en juge ceux qui n'ont
plus ou jamais eu d'élèves, ceux qui n'ont qu'une vague notion du terrain ?
- L'absurdité enfin d'un système qui récompense et ne considère que ceux qui
ont le moins les élèves ou, même, pas d'élève du tout ?
1) Les sciences économiques et sociales autant
subjectives que les arts ?
Bruno Suchaut, chercheur en sciences de l'éducation et directeur de l'Institut
de recherche sur l'éducation (Iredu) de l'université de Dijon, a mené une
expérience pour tester la fiabilité des notes distribuées à l'examen du
baccalauréat. Il a soumis six copies de sciences économiques et sociales (SES)
des sessions 2006 et 2007 du bac à la correction de soixante-six professeurs de
deux académies différentes. Les copies sont celles de candidats reçus à
l'examen : deux sont des bons devoirs ayant reçu la note de 15/20 et quatre
sont moyens, notés de 9 à 11/20.
Le résultat, à relativiser puisqu'il ne porte que sur six copies, montre
néanmoins qu'un même devoir peut, selon le correcteur, être noté de 4 à 14/20
ou de 8 à 18/20 !
"les jugements professoraux diffèrent tout autant que les notes". Par
exemple, une copie est notée 14/20 et qualifiée de "bon devoir, les
connaissances sont maîtrisées", tandis qu'un autre correcteur lui attribue
la note de 4/20, estimant que "l'élève ne maîtrise pas les notions".
Un candidat, selon qu'il reçoit une note de 4 ou de 14/20, coefficient 7 en
SES, peut être recalé ou reçu au bac avec mention !
Enseignement technologique, petite précision :
"Faut-il rappeler ce qu'est l'enseignement technologique qui consiste à
partir de situations et d'objets concrets pour aider à la conceptualisation. Il
reste bien sûr objet de formation dans l'enseignement professionnel... Mais ce
n'est pas notre objectif. Notre objectif est de placer les élèves dans des
contextes et face à des objets différents afin d'isoler des invariants et de
construire des acquis structurants. Ce qui leur permettra de réagir face à des
situations nouvelles (faire et non refaire), ce qui est la base de l'autonomie.
On trouve toujours bizarre ce qu'on ne connait pas ; nos élèves aussi, ne
l'oublions pas".
Alain VAN SANTE - IA-IPR E3 économie-gestion - Académie de Rennes,
Juin 2008
2) Constatations :
La mise en oeuvre de l'éducation artistique et
culturelle à l'école primaire
Rapport IGEN
- Viviane Bouysse, Vincent Maestracci, Jean-Yves Moirin, Christine
Saint-Marc, mai 2007
L'enquête conduite par l'inspection générale de l'éducation nationale apporte
des éclairages nouveaux sur les pratiques pédagogiques et le pilotage en
matière d'éducation artistique et culturelle à l'école primaire (qui pourraient
parfaitement être étendus à l'enseignement supérieur).
Malgré les fréquentes déclarations d'incompétence des enseignants dans les domaines
artistiques, des pratiques de qualité ont pu être observées, y compris en ce
qui concerne des projets pluridisciplinaires favorables au croisement de
références culturelles. Mais le rapport souligne aussi le caractère aléatoire
des parcours scolaires individuels (pratiques irrégulières, dépourvues de
cohérence et de continuité). Les faiblesses sont rapportées à des problèmes
propres aux disciplines artistiques (manque de confiance des enseignants,
manque de formation pratique et didactique), mais s'apparentent aussi à des
difficultés observées dans d'autres domaines.
Aussi l'inspection générale formule-t-elle des recommandations qui s'organisent
en trois domaines : clarifier les attentes et les exigences ; refonder le
pilotage ; développer la formation et la mutualisation de ressources et de
pratiques.
"Le tiers-monde commence en banlieue. Au centre
des villes, les bourgeois comptent leurs profits. Au centre des cités
ouvrières, les travailleurs (désormais chômeurs pour cause d'emploi délocalisé)
comptent les mutilés du travail."
dixit : Alain Geismar, le Monde 22/10/1970, nommé inspecteur général de
l'Education nationale en 1990. Le leader de mai 68 devient pédagogue et
haut-fonctionnaire - contradiction et confusion des genres ? de la part de qui
?
Claude Allègre fait partie des inspirateurs de la réforme commencée en
1988 qui préconise un enseignement dans l'esprit de mai 68, autrement dit avec
le moins de sélection possible, où l'essentiel n'est pas tant de savoir mais
surtout d'apprendre à apprendre ; la méthode - la pédagogie - comptant plus que
le contenu et le pourcentage de réussite au bac bien plus que les connaissances
réelles acquises par l'élève. Les Instituts Universitaires de Formation
des Maîtres seront d'ailleurs mis en place en 1990 dans cet objectif de
formation et les fameux "PPCP" des lycées professionnels où les
élèves, considérés comme majeurs, travaillent librement sur un sujet qu'ils ont
choisi - mais seulement un sur dix travaille effectivement - constitueront
une sorte d'aboutissement à l'instar de cette autogestion idéalisée en 1968.
Sunday, December 04, 2011 3:08 PM
Réforme
et Economie
Des
enseignants évalués par les Directeurs d’Etablissement, pourquoi pas !
Mais avec la disparition des corps d’inspection, des décharges horaires
abusives…
Comme
de trop nombreux enseignants, bénéficiaires de décharges horaires, Yolande
Barrau, gestionnaire de la Liste ECOGEST et qui se réclame par ailleurs de
l'Inspection Générale de l'Education Nationale, n’a jamais songé à démissionner
afin de soulager les finances publiques.
Sa
tâche consiste à filtrer les messages de la Liste Ecogest, il lui appartient par
exemple, en fonction de son humeur, de décider des passages à retirer. A
l’occasion - signe d’importance,
d’ouverture d'esprit et d’un grand respect démocratique - de radier de
ladite liste quelques rares dissidents.
« Enfin, je souhaiterai vous inviter à la raison. Internet n'est pas
l'espace de liberté que vous croyez … Je vous signale enfin que j'agis au nom
de l'Inspection Générale de l'Éducation Nationale et qu'en conséquence, publier
ne serait-ce qu'une partie de mes propos identifierait automatiquement leur
auteur. »
Ecogest, comme bien des listes
professionnelles, permet, en principe, à ses colistiers d’échanger des
informations, des conseils et, surtout, des règles à suivre afin d’optimiser sa
carrière en plaisant à l’inspecteur en charge de la distribution des accessits.
Les colistiers postent leurs messages en respectant un code de bonne conduite. Cependant, il arrive que des
courriels « dissidents » échappent à la censure de Yolande Barrau et se
retrouvent ainsi publiés sur la liste de diffusion, mais ici, bien entendu et
comme en règle générale pour l’inspection, jamais de sanction pour la ou les
responsables. La sinécure peut toujours se poursuivre sans problème. Pourtant, replacer les chargés de
mission, les inspecteurs, face à la réalité de la classe, des élèves, en un
mot, les remettre tout simplement au travail, constituerait un bon exemple et
un vrai début de réforme.
Un message d'une liste de diffusion - rentrée 2008 -
en réponse à une jeune enseignante qui s'étonnait d'être mutée en BTS pour une
première affectation :
"Certains BTS, et tout particulièrement les BTS commerciaux,
sont dans certaines banlieues devenus des "garderies sociales" où
l'on ne pratique aucune sélection, au contraire, on cherche à faire du
remplissage, car la baisse démographique des effectifs ne s'est pas
traduite par des fermetures de section et on y retrouve pêle-mêle les élèves
faibles mais plus ou moins motivés qui n'ont pas été admis à l'IUT (qui
eux sélectionnent), quelques élèves, souvent issus d'une terminale du lycée et
qui se sont distingués tout au long de leur scolarité par des
problèmes de comportement, mais "que nous sommes
obligés de garder" (dixit le proviseur sous couvert du
rectorat...) - Bref, la classe de BTS peut se transformer en un melting pot
difficilement gérable par un débutant et où les plus anciens se protègent
en se contentant d'un service à minima (pas de travail personnel, puisque les
étudiants ne le font pas... et un temps considérable passé à négocier
"la paix sociale" avec les étudiants indisciplinés, pendant que les
étudiants faibles pâtissent dans l'indifférence générale de ces conditions de
travail !
A tel point que je connais un lycée en banlieue parisienne où certains
profs aguerris de STG ne veulent pas aller enseigner dans l'unique
section de BTS. Et si tant de débutants se retrouvent en BTS, c'est que dans
certains lycées le turn-over en BTS est important...
Le sujet reste tabou car la peur de la fermeture de sections et les avantages
financiers (pondération horaire et temps annuel d'enseignement) l'emportent sur
la qualité de la formation et les conditions de travail..."
Jusqu'ici, la prime annuelle des 30 recteurs, qui sont aussi chanceliers des
universités, était de 19.000 euros, un montant fixe.
A la faveur d'un décret et d'un arrêté publiés en novembre 2010, leur prime
comporte, à partir de cette année scolaire, deux volets : une part fixe de
15.200 euros, et une "part variable" dont le montant pourra aller jusqu'à 45% de
la part fixe, soit de 0 à 6.840 euros. Au total, un recteur pourra avoir jusqu'à
22.000 euros de prime.
En mai dernier, le ministère avait diffusé aux recteurs une douzaine de
pistes pour supprimer des postes de 2011 à 2013, dans le cadre de la politique
de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, notamment
d'augmenter les effectifs des élèves par classe. Cette mesure s'inscrit dans le cadre de l'évolution du régime indemnitaire de
l'ensemble de la fonction publique, a-t-on encore souligné.
Les préfets, par exemple, bénéficient aussi de primes de résultat, qui
peuvent s'échelonner annuellement de 8.250 euros pour un sous-préfet à 28.164
euros pour un préfet, voire, pour quelques très haut gradés, à 60.000 euros
(pour la totalité des primes perçues)...
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