MODELES D'ARTISTES
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Dollfus, Paul (1867-1949) Auteur du texte Modèles d'artistes - 1896 ; préface par un modèle
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1978 - Extraits
Pour devenir modèle, le bouche à oreille
Poser chez Jules Lefèbvre
Paroles de Modèle
Sarah Brown la sulfureuse
Nouvelles théories
Le choix délicat du modèle
Les modèles italiens
Fragerolle, Georges (1855-1920) Cosseret,
Paul
Bohème bourgeoise / G . Fragerolle et P . Cosseret 1897
La prospérité des modèles paraît être aujourd’hui à son apogée.
Jamais, en effet, on
a vu pareil nombre de peintres et de sculpteurs ; les administrations
et les particuliers ne possèdent plus d’espace assez vaste pour
accumuler, entasser, conserver des kilomètres de toiles peintes et
des m3 de marbre taillé.
Il y a aujourd’hui
des boîtes à Salons, comme il y a des boîtes à bachot : des
espèces d’usines où des professeurs patentés enseignent et avec
beaucoup de recommandations ceux-ci garantissent à leurs élèves la réception
à l’exposition officielle au bout d’un nombre d’heures
arrêtées.
Quel est le père de
famille qui n’a pas reçu une circulaire lui offrant pour son
rejeton la gloire artistique à prix fixe ?
C’est un peu la
revanche de 1830, des époques où les artistes étaient des êtres
d’exception, vivant dans un monde idéal, désintéressé, traitant
de petits bourgeois tous les autres.
Désormais les
bourgeois sont entrés dans le mouvement, et ils aiment mieux que
leurs fils soient aux Beaux-Arts qu’au Bon-Marché ; ils préfèrent
voir leurs filles fabriquer des croûtes plutôt que vendre des petits fours.
Qui est-ce qui en
profite ?
Ce n’est certes
pas le public qui a bien de la peine, au milieu de ce débordement, de cette profusion, de
distinguer le bon du mauvais.
Ce ne sont pas les
artistes, qui entendent traiter leurs oeuvres de produits tout comme
la cassonade ou l’eau de Cologne, et qui sont contraints de
remplacer le talent par la réclame et le travail par les soirées
mondaines.
Mais ce sont sans doute
les modèles ou plutôt les jeunes fille susceptibles de le devenir.
A elles, tout le bénéfice de cette augmentation de la demande. On
les paie bien, on les traite bien et pour peu qu’elles aient une
particularité légèrement remarquable, on leur bâtit une
réputation. Le jour n’est pas
loin où on leur fera des ponts d’or, ni plus ni moins qu’à
des divas d’opérette.
Psychologiquement,
le modèle ne se distingue guère de la femme en général.
Un peu de vanité,
beaucoup de besoins, c’est là ce qui les amène sur la table de
pose. Quant à leurs moeurs, si elles sont plus originales, plus
curieuses que celles de la plupart des femmes, cela tient uniquement
à leur métier, au monde qu’elles fréquentent, aux conversations
auxquelles elles assistent. Elles n’y sont pour rien, peu
intellectuelles, en général très malléables, les modèles possèdent au
plus haut point la faculté d’assimilation.
Viennent les modèles réellement professionnels, tel Rosalie, le modèle préféré de Paul Baudry, qu’il a mis largement à contribution dans les différentes scènes mythiques du foyer de l’Opéra. C’est aussi le portrait de Rosalie qui figure sur certains billets de la Banque de France. Comme Marie-Louise, la collaboratrice de Benjamin Constant ou encore Emma Dupont, le modèle ordinaire de Jean-Léon Gérôme ; Pauline Saucey qui se spécialisa pour le torse dans les ateliers des peintres Bouret et Bayard ; Sarah Brown qui posa dans l’atelier de Jules Lefèbvre et prêta son ensemble, qu’il est à peine besoin d’idéaliser, dans l’Ariane abandonnée de M. A. Laurens, comme Chiara, la chaste Suzanne de Henner exposée en 1867 et que tous les peintres se disputèrent à Rome. Contentons-nous pour finir de signaler encore Marie Renaud, qui dans la Femme au masque de Henri Gervex, n’est vêtue que d’un seul loup en dentelle.
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